Je ne supporte pas de rester enfermée, surtout lorsque le temps est magnifique, comme c'est le cas aujourd'hui. J'aime aller marché dans la nature sans but précis, j'aime sentir la caresse du soleil sur mon visage, sentir le vent jouer dans mes cheveux, m’asseoir au pied d'un arbre pour lire ou pour dessiner, m'allonger dans l'herbe. C'est pour cette raison que dès qu'il faut, j'en profite pour quitter le travail plus tôt. Je ne suis pas allée à l'université, mais j'avais choisie une option arts plastiques dans mon école d'infirmière. Je faisais souvent mes exercices dehors, cela me permettait de profiter du beau temps à tout occasion. C'est pourquoi ce jour là, un mercredi après-midi, je me suis rendu dans l'un des nombreux parcs de Glasgow avec ma planche à dessin, avec l'idée en tête de faire quelques croquis de promeneurs ou d'animaux, si j'ai de la chance.

Aujourd'hui, il y a beau y avoir du beau temps, il ne fait pas très chaud, je porte donc une veste en laine et un foulard autour de mon cou. J'avise un arbre centenaire et m'installe sur l'herbe, le dos contre lui. Les odeurs de l'automne me chatouille les narines. L'automne est ma saison préférée, j'aime ses couleurs, ses odeurs, et puis, je suis née pendant cette belle saison, et même si le temps ne s'y prête pas toujours, c'est la période de l'année ou je me sent la plus heureuse.

Assise au pied d'un arbre, la musique en sourdine pour ne pas perturber les bruits de la nature, j’observe ce qui se passe autour de moi, cherchant un 'sujet' à dessiner et je décide "croquer" cette vieille dame qui donne à manger aux pigeons. Chaque fois que je viens ici, je la vois. Toujours assise sur le même banc, vêtue de son vieux manteau, même lorsqu'il fait très chaud. Elle fait toujours le même geste, elle pioche dans son sac à main user et en sort une poignée de graine, qu'elle jette devant elle. Je suis là, tranquille à la dessiner, tellement concentrée sur ce que je fais que je ne me rand pas compte qu'on s'adresse à moi.

Travailler dans le domaine de la vente n'était pas chose facile et il avait fallu à Logan faire de nombreuses concessions pour survivre dans cet univers impitoyable. Etant donné qu'il était hors de question pour Mrs Robinson de laisser son samedi à son employé phare - et par phare comprenez le seul qui a tenu plus d'un an à Maxim - et le jeune homme se retrouverait donc de repos un mercredi. Il avait pris le pli bien entendu mais les longs week-end lui manquaient parfois. Au moins le beau temps était de la partie ce jour-là, c'était déjà ça. S'octroyant une grasse matinée bien matinée, il se leva avec paresse sous les coups de dix heures du matin. Les idées brumeuses, il avala d'un trait le café noir encore brûlant qu'il avait fait couler avant d'aller prendre une bonne douche. Chose faite, il s'habilla et consulta son smartphone afin de s'assurer qu'aucune comète ne s'était abattue sur sa boutique en son absence. Comme on dit si bien "les absents ont toujours tort" et à chaque fois qu'il quittait son lieu de travail, il vivait dans la hantise qu'il n'y ait une catastrophe. La dragonne lui ferait payer c'était certain. Balayant ces idées noires de son esprit, il sourit lorsqu'il lut le message de Zachary, son mentor, lui sommant de profiter de cette journée pour "se mettre un peu de plomb dans la cervelle et parfaire son dernier tour". Même s'il semblait dur au premier abord, cet homme était sans doute l'une des meilleures choses qui soit arrivée à Logan, l'ayant beaucoup aidé à surmonter la perte de McCarthy senior et l'ayant guidé vers le droit chemin: celui du travail et de l'investissement de soi.

Enfilant une veste légère, il quitta son appartement afin d'aller rejoindre un ami pour manger un morceau. Celà faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vus mais ils aimaient refaire le monde autour d'une bonne bière et d'un plat bien gras. Leur conversation fut somme toute classique: Logan évoqua les tensions entre Zachary et sa mère, les frasques de sa jumelle, son entrevue sur les charbons ardents avec Astrid, ses déboires au travail... Tout passa au peigne fin si bien que lorsque le portable de John lui indiqua qu'il devait repartir au travail, les deux amis n'avaient pas vu le temps passer. Après une accolade presque fraternelle, tous deux se quittèrent laissant Logan se retrouvait de nouveau seul avec ses songes. Il ne savait pas vraiment quoi faire aujourd'hui. C'était si rare pour lui de ne pas avoir à tenir un emploi du temps de ministre que ça le troublait presque autant que ça le soulager. Finalement, après quelques hésitations, il décida d'aller prendre le grand air et se rendre au parc le plus proche: le bird garden. C'était un endroit qu'il appréciait car calme, il lui permettait de se ressourcer. A peine avait-il eu le temps de profiter du décor presque idyllique de l'endroit, qu'il aperçut au loin une silhouette féminine qui lui était familière. Ce petit bout de femme ne pouvait être que Charlotte. Un sourire aux lèvres à l'idée de partager du temps avec son amie, il s'avança vers elle sans prendre la peine de le faire en sourdine - elle était déjà si concentrée qu'elle ne se rendrait surement même pas compte de sa présence immédiatement. "Toujours en train de dessiner hein?"
lança -il sur le ton de la taquinerie à Charlotte avant de se rendre compte que cette dernière n'avait strictement rien entendu. D'un geste souple il s'empara de l'un de ses écouteurs avant de dire tout sourire "Je pense qu'on se comprendra mieux ainsi."